[rec'ember] Discussion sur les challenges de lectures

[sai_lin]

 Depuis quelques années, j’ai découvert les challenges de lecture, qui m’ont permise de me reboosté sur la lecture des livres qui prenaient la poussière dans ma PAL notamment. Mon premier challenge de lecture a été le bingo book organisé par Flo Nelja, suivi assez vite par le challenge SFFF (sur lequel j’ai participé 2 années de suite, mais pour lequel je ne pense pas reconduire ma participation pour les prochaines éditions), ainsi que les challenges saisonniers (Cold Winter Challenge, Ice Cream Challenge, Pumpkin Autumn Challenge). J’ai beaucoup apprécié également le Witchy Tarot Challenge, qui jusqu’à présent a été le challenge de lecture le plus animé auquel j’ai participé. J’ai aussi participé à un challenge de LizD concernant les livres auto-édités (1 Indé par mois) ainsi que le Graduate Hogwarts et dernièrement le Crazy Book Trip challenge.

Le premier challenge que j’ai connu m’a ainsi permis de m’ouvrir sur la Science-fiction, qui était un genre que je jugeais de manière négative à l’origine mais dans lequel j’ai découvert des pépites.

Après ma participation à tous ces challenges, j’ai eu envie de créer mon propre challenge, portant sur le fait de faire découvrir d’autres ME que les éternelles Bragelonne et Livre de Poche ou autre J’ai Lu (que tout le monde connaît) pour proposer un challenge où on ne lis pas de livres de ces ME mais d’autres moins connu du grand public (ou pas de manière aussi systématique néanmoins). Voici le lien de mon challenge.

Et vous ? Avez-vous participé à des challenges de lecture ? Si oui, lesquels ? Avez-vous apprécié votre expérience ? Ou sinon, avez-vous été à l’initiative d’un challenge ? Est-ce que vous avez pu faire de belles découvertes grâce à ça que vous n’auriez pas connut sans le biais du challenge ?

PS : désolée pour le retard de publication, je me suis mélangée les pinceaux quant aux dates (je croyais que c'était le 15 que j'avais réservé ^^')
 

[Rec'ember] Chants of Sennaar

[kandai_suika]

Les gens qui me connaissent un tant soit peu savent que j’aime jouer aux jeux vidéo. Mais c’est pas pour autant que j’aime forcément en découvrir… Pour être honnête, je suis plus du genre à relancer pour la quarantième fois une partie du portage de Jak II : Renegade sur ma Playstation 4 malgré le fait que j’ai déjà platiné le jeu autant de fois depuis mes quatorze ans que de parcourir ma liste Steam en cherchant des jeux inédits. De temps en temps, ceci dit, les influenceurs auxquels on s’attache par nostalgie ou par désir de colorer un peu nos vies nous donnent tout à coup l’envie de changement, le goût de la nouveauté, le désir de sortir de nos petites zones de confort pour jouer à des trucs qu’on se serait sans doute contenté d’ignorer. Et ce faisant, on tombe sur des petites merveilles comme Chants of Sennaar.
 

Chants of Sennaar, c’est un petit jeu en vue du dessus dans le style « point and click » développé par un studio indépendant toulousain qui est sorti en fin septembre 2023. L’histoire s’inspire d’un mythe fondateur que tout le monde connaît : celui de la tour de Babel. Le joueur incarne un petit personnage muet (et adorable) qui se réveille au pied d’une immense tour dans laquelle vivent différents peuples dans des biomes à l’identité visuelle très prononcée. Cependant, problème : notre personnage ne comprend pas la langue des autres et les peuples ne se comprennent pas non plus entre eux ! Au fur et à mesure d’observation, de conversations et de déchiffrage, nous allons devoir progresser dans la tour et percer le mystère qui dirige notre quête du début à la fin : qui nous a envoyé ici et pourquoi ?

En tant que romaniste (donc avec une formation de linguiste, même si c’était clairement pas ma matière fétiche), le jeu avait de quoi m’intriguer mais pas au point que je l’achète. La traduction, c’est difficile de rendre ça ludique pour moi et payer vingt balles pour une simulation Google Translate… bof, peut mieux faire quoi. Je me suis donc contentée de regarder la rediffusion d’un stream pour voir de quoi il en retournait. Une demi-heure plus tard, j’achetais le jeu. J’étais conquise.
 

(Faut admettre, c'est vraiment joli à regarder.)

Déjà, il faut reconnaître que la direction artistique (ou DA, pour les intimes) est à couper le souffle. Le travail des couleurs et des ambiances qui nous permet de reconnaître immédiatement l’étage de la tour dans lequel on se trouve, le design des personnages tous plus originaux les uns que les autres, la musique qui sait être discrète quand il le faut et s’envoler lors de nos traversées de somptueux environnements et paysages. Les plans sont composés, travaillés à la manière de toiles artistiques ; l’impression de gigantisme nous suit presque constamment, écrasant notre avatar au fur et à mesure qu’il grimpe les étages de cette tour. Visuellement, ça claque et on se surprend parfois à ralentir le rythme pour profiter du décor incroyable et vertigineux qui s’offre à nous.

Mais l’élément le plus intéressant du jeu tourne sans aucun doute autour des mécaniques destinées au décodage des langues et à la traduction. Pas moins de cinq langues différentes se dévoilent tout au long du jeu, chacune avec sa propre grammaire interne, avec ses différentes façons de placer les verbes, de formuler le pluriel, de poser des questions, etc. Comment traduire tout cela à partir de rien ? Eh bien, notre explorateur a un cahier dans lequel il consigne à peu près tout ce qu’il voit, tous les sigles et signes, et il s’avère que d’une langue à l’autre, on peut traduire littéralement les mêmes phrases et ça va nous être bien utile lorsqu’on va progresser dans l’aventure.
 

(Pas toujours facile de piger qui fait quoi...)

L’intérêt vient aussi du fait que les langues à décoder sont basées sur des idéogrammes et non un alphabet spécifique donc ça rend l’exercice un peu plus drôle que de la vraie transcription de lettres. On peut également admirer la cohérence dans l’association de certains sigles (certaines langues additionnent les sigles pour former le pluriel, d’autres combinent des sigles pour en créer des nouveaux au sens combiné, bref, ça fourmille de bonnes idées dans tous les sens). Chaque langue a son style qui est propre aux coutumes de chaque peuple : les guerriers, des gardes armés sans pitié, ont un style très droit, carré, rigide tandis que les bardes, qui sont des esthètes oisifs et frivoles, ont une graphie tout en spirales et courbes. Les environnements sont variés, chacun a une ambiance/un ton dominant très particulier qui reflète le peuple qu’ils abritent.

Il y a quelques moments un peu plus tendus, notamment lorsqu’on explore les grottes des alchimistes, mais la difficulté n’est pas très grande et le jeu est extrêmement généreux lorsque vous mourrez ou vous faites attraper. Il y a quelques phases d’infiltration un peu reloue mais une fois qu’on les a passées, on ne doit plus les refaire donc ça va.
 

(Ceci est une phase d'infiltration reloue.)

Il y a une « mauvaise » et une « bonne » fin qui nous enjoint à jouer un peu plus longtemps que prévu et à résoudre le mystère de ce qui a séparé les peuples en servant de connecteurs entre eux et en transformant les étages de la tour grâce à nos efforts. Le voyage devient un peu étrange voire mystique sur sa conclusion et interroge vaguement la notion de créateur, de lien et d’identité mais sans marteler dessus, ce qu’on pourrait regretter : le jeu se termine en une petite dizaine d’heures ce qui, pour son prix, son histoire et sa direction artistique, me paraît plus que correct. A la rejouabilité, il est moins intéressant car on connaît déjà les énigmes et les sigles mais j’ai tout de même pris du plaisir à le refaire une ou deux fois et à me balader entre les mondes pour chercher à résoudre les problèmes de chacun.

Et si ça permet de soutenir les petits studios indépendants francophones dans une économie qui laisse de moins en moins de place aux petits créateurs et studios… en vrai, que demander de plus ?